| Madeleine Leclerc chaos theory trait : Chaos grésille et subjugue. Terrible créature à la faim insatiable. Des coeurs, des âmes. Du monde entier. Gourmadise obsédante. Course effrénée derrière la vie pour mieux la dévorer.
saisons : Vingt-cinq ans.
myocarde : Coeur océan, qui change au gré des marées et des tempêtes.
besogne : Etudiante en médecine légale particulièrement avisée, astre solaire s’aventurant aux portes de l’empire d’Hades. Humour morbide des compères désillusionnés soufflé dans un sourire sucré. « Can’t run fast enough to be serial killers, so we’ll just help the police catch them instead. »
(( lose control ))
What you gon' do when there's blood in the water? Le silence dérange dans la cacophonie habituelle. Le chaos bourdonne dans sa cervelle, petite abeille venant agiter les méninges. L’ennui dangereux alors que le regard dérive sur un cours dont elle connaît déjà la teneur. Le dossier manquant cruellement de substance et dont elle était allée chercher les véritables secrets au détours de petit gâteaux, l’âme apaisée par la proximité de la faucheuse faîte homme. L’ensemble des pages annotées avec soin, le tout parsemé de questions factices à poser une fois de retour sur les bancs de l’université pour maintenir l’apparence de l’étudiante dorée. La parure de perfection nécessaire pour se fondre au milieu de ses comparses sans éveiller le moindre soupçon sur la nature véritable.
L’appartement rapidement abandonnée au profit d’une escapade improvisée. Portview en nouvelle destination de prédilection, entre l’attrait des quais et des rencontres improvisées. Une toute autre atmosphère se dessine pourtant à la nuit tombée, la lumière blafarde des lampadaires ne rendant que faiblement justice à ses rues délaissées. L’océan, pourtant, poursuit son chant de sirène et l’attire dans ses filets. La bestiole laisse son âme partir à la dérive, engloutie par l’écume et le ressac. Rare moment de calme qui étouffe le reste et ne lui laisse qu’un semblant de sourire satisfait, avant que le moment ne s’efface à nouveau. L’errance recommence et ses pas la ramènent vers les zones interdites, les avertissements passés en sourdine au moment même où ils avaient été proférés. L’erreur d’habitude commise à deux, son sourire mêlé au rire de sa partenaire de crime, ne se fera qu’en solitaire. La curiosité est un vilain défaut, que pourrait presque murmurer sa conscience. L’adage mainte fois répété passant lui aussi à mille lieux au dessus de son crâne. Pourtant, Mads ne compte plus le nombre de fois où la satisfaction avait supplanté les conséquences. Le grillage se profile et elle erre près de sa frontière, n’ose pourtant la franchir seule. Simple réticence prenant les traits d’une comparse mécontente de ne pas avoir été présente au moment des faits. Peut-être qu’une reconnaissance suffirait pour le moment ? En attendant qu’elles puissent revenir en duo.
Des voix s’élèvent, se rapprochent. Elle recule de quelques pas, se tapit derrière un muret pour échapper à leur attention, la stature suffisamment frêle pour passer inaperçue dans cette cachette malavisée. Ca n’aurait pu être qu’un simple détail, que des employés lambdas faisant leur ronde. Si seulement il n’y a pas cette conversation surprise à la volée, de celles qui n’auraient jamais dû voir le jour à portée d’oreilles indiscrètes. Suffisamment pour comprendre en partie l’ampleur des ennuis dans lesquels elle vient de plonger en furetant trop près d’un repère de contrebandiers. Présente au mauvais endroit au mauvais moment, qu’elle songe avec un amusement teinté d’acidité. L’argument aurait pu être valide si ces derniers en avaient eu quelque chose à cirer, mais le doute lui semble bien plus que raisonnable. Et, lentement, elle tente de s’éloigner. Aurait presque pu en sortir victorieuse, si seulement l’obscurité ne venait pas de la trahir par le craquement d’une branche résonnant sous sa semelle.
L’étudiante s’élance, cavale jusqu’à trouver une nouvelle cachette où se terrer, avant de réussir à s’évaporer. Les jambes trop petites pour semer celui qui se trouve à sa poursuite, ne reste plus qu’à espérer le perdre dans les recoins sombres des quais. Les céruléennes s’assombrissent alors qu’elle se fige dans l’ombre. Le myocarde s’agite, la bête sauvage cherchant à s’enfuir de son carcan de chair. L’adrénaline coule dans les veines, efface la peur dévorante pour quelques instants d’une clarté glaciale. Elle ou lui. Sa vie contre celle d’un inconnu. La conscience mise en berne pour ne laisser qu’un pragmatisme sidérant. Proie transformée en prédateur acculé. Les phalanges tâtonnent dans l’obscurité, s’accrochent à une pierre en désespoir de cause. Tuer ou mourir. La question ne devrait pas être aussi simple à résoudre, qu’elle songe avec un détachement inquiétant. La théorie inonde son cerveau, l’être humain bien plus fragile qu’il n’y paraît au premier abord. Sur le papier, les possibilités des dégâts à infliger sont innombrables. Seul reste le problème de l’application des connaissances sur le terrain. La bestiole maudit sa condition humaine, rêve d’être plus que cette frêle carcasse qu’elle habite. Le temps se fige alors que la silhouette de l’inconnu prend des tournures familières. Les pensées trébuchent, laissent de nouveau percer un bout d’humanité lorsque l’arme de fortune est délaissée. L’instinct de survie à moitié cadenassée par les quelques bribes échangées. « Oskar ? » qu’elle souffle, éberluée. Le minois se frousse alors que la bestiole cherche à concilier les anciennes conversations partagées et cette nouvelle réalité.
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