Ombres mouvantes dans décor feutré, comme des échos de murmures éparpillés. La nuit s’étire, langoureuse, tandis qu’Halina laisse son regard glisser sur la salle, un demi-sourire posé sur ses lèvres. Elle a l’habitude des hommes qui passent et repartent, des murmures confus et des désirs mal formulés. Mais celui-là semble entravé d’une gravité particulière, une allure qu’on aurait envie de contourner. Pourtant, il s'est avancé sans hâte, rustre dans le port mais étrangement fragile derrière la carrure.

D’un geste léger, elle lui indique le canapé drapé de velours. Une main qui frôle son épaule pour l’y guider, et elle sent le poids de son regard, comme une question non formulée. Les premiers mots s’échappent, timides presque, ses réponses à lui plus rugueuses, à l’image d’une confidence jetée dans une langue que seul lui peut traduire. L’ombre de ses yeux se fait discrète, la rumeur de ses désirs, à peine effleurée, la trouble.

Assis là, au bord du silence, il semble chercher quelque chose d'indéfinissable, et Halina sait qu'il ne s'agit pas simplement d'une nuit ordinaire. Il a besoin de plus, mais peut-être pas de ce qu’elle sait offrir. Elle sent le fil de l’aube dans leur échange, tendu entre une retenue mesurée et le grondement d’un orage. Elle se rapproche, son parfum de musc et de miel entoure l’espace réduit entre eux. Elle veut tester la patience de cet homme aux mains larges et à l’aura retenue, sentir s’il sait se perdre dans les détours d’une étreinte ou s’il préfèrera garder son âme intacte, fermée derrière ses paupières baissées.

Alors elle murmure quelques mots, sourire l’effleurant d’une légère promesse retient l’instant. Il semble que le reste du monde s’éclipse. La nuit s'ouvre un peu plus. Halina est près de lui, assez pour sentir la tension dans ses épaules, pour voir les nuances d’ombres et de lumière sur son visage, marqué de failles et de luttes anciennes. Il a ce silence brisé, cette aura de mystère qui respire une gravité presque insoutenable, et pourtant, là, sous les feux tamisés, elle voit ce qui le retient à cette vie trop tangible.

Et elle tisse toile invisible d’une promesse trop douce pour être rompue. Elle incline légèrement la tête, les cheveux glissant comme un rideau sombre, créant un sanctuaire où aucune question n’est nécessaire. Ils se regardent, immobiles, et dans ce silence, elle sent un poids, une retenue brûlante qui lui laisse entrevoir des abîmes familiers. Elle veut le rassurer.

“For our first moment together, there's nothing at stake. Except that it's good for you... After all, that's the point of any visit here: to find your escape, to savor, as much for the lonely soul as for the forgotten sensations... We'll take it easy. Trust me…” Son murmure est un piège finement tissé, un écho du chaos qu’elle promet. Elle perçoit le souffle de sa réponse, mais ses lèvres, elles, restent scellées. L'ombre d’un sourire étire ses lèvres peintes.

Alors, elle rompt la distance, se glisse tout contre lui, une intimité délicate, douce-amère. Une main sur son torse, elle perçoit la tension de ses muscles, mais n’ose elle-même plus bouger : magnétisme statique, gravité suspendue ; rythme staccato dans la carotide, elle guette, observe et veille, attendant patiemment qu’il soit plus à l’aise.